Bandeau
Anciens bains-lavoirs de la Madeleine Perrières

4378

Île Beaulieu


L’urbanisation de l’île Beaulieu à partir de 1970 finalise la conquête des îles de la Loire entreprise par la Ville de Nantes dès le 18e siècle.

Carte Ile Beaulieu au 18e siècle

Carte Ile Beaulieu au 18e siècle

Date du document : 02/2021

Des terres réservées au pâturage

A l’aval de la ligne des ponts, plusieurs îles émergent durant l’Ancien Régime. Les îles de petite pré, de Turmelière, de bois Jolly et de prairie d’Amont forment un chapelet d’îles jusqu’à celle de Beaulieu. À partir de l’aménagement des digues, ces îles et îlots sont agrandis par des atterrissements successifs qui permettront la création d’une masse unique. Jusqu’au 20e siècle, ces îles sont utilisées comme des zones de pâturage sur lesquelles les bêtes sont amenées en bateau du mois d’août au mois de février quand les crues le permettent. Elles sont ensuite laissées nues pour pouvoir faucher le foin.

Les premiers aménagements de Beaulieu

Dès 1905, la ville de Nantes souhaite aménager l’île Beaulieu et demande aux Ponts et Chaussées d’étudier la question du comblement des boires (ou bras) de la Loire qui séparent les îles les unes des autres. L’administration est alors réticente au remblaiement et peu encline à satisfaire les besoins des communautés : tous ses efforts d’aménagement sont concentrés sur le développement du port maritime et la construction des quais. L’aménagement de Beaulieu est repoussé à une date ultérieure.

La question est réactivée par le plan d’urbanisme de la Reconstruction proposé par Michel Roux-Spitz en 1942. Celui-ci prévoit en effet la construction d’un nouveau quartier desservi par le boulevard nord-sud joignant Pirmil au pont Audibert, aujourd’hui nommé le boulevard des Martyrs Nantais de la Résistance. Ce projet urbain accompagne la construction d’une nouvelle entrée de ville : la place Mangin.

Plan directeur d'urbanisation de l'île Beaulieu par Michel Roux-Spitz

Plan directeur d'urbanisation de l'île Beaulieu par Michel Roux-Spitz

Date du document : 01-10-1947

Si la place ainsi que le nouvel axe de tramway sont installés en 1953, l’urbanisation de l’île Beaulieu n’est pas entreprise. Celle-ci reste une prairie entrecoupée de haies de bocage partiellement utilisée comme décharge.

Projet d'urbanisation de l'île Beaulieu

Projet d'urbanisation de l'île Beaulieu

Date du document : 1954

La création de la ZUP Beaulieu-Malakoff

C’est à partir de 1960 que l’urbanisation des 116 hectares de l’île Beaulieu se met en marche à la faveur d’une convention passée entre la Ville de Nantes et la Société d’équipement de la Loire-Atlantique pour étudier les zones d’habitations prévues au plan d’aménagement de 1942.

En 1961, l’île Beaulieu, associée à 19 hectares du quartier Malakoff, est classée en zone à urbaniser en priorité (ZUP). En 1963, l’architecte Jacques Riehl propose de créer une ceinture urbaine privilégiant tours et barres pour libérer les sols tout en réservant des espaces verts pour implanter des équipements sportifs. La priorité est donnée à la construction d’un grand ensemble sur le quartier Malakoff qui est terminé en 1969.

En revanche, sur l’île Beaulieu, les travaux avancent lentement. La hauteur des terrains qui n’avaient jamais fait l’objet d’une mise en valeur par les Ponts et Chaussées ou par la Ville doit être augmentée de 4 à 5 mètres pour être protégés des crues. Des millions de mètres cubes de sable sont pompés dans la Loire et acheminés avant le démarrage des constructions. Plusieurs d’entre-elles seront construites sur des pieux de trente-cinq mètres de long pour atteindre le rocher.

Une île urbanisée connectée au reste de la ville

Les premières réalisations consistent en l’installation d’organismes d’État déconcentrés : inauguré en 1972, le Tripode est élevé pour accueillir les services du ministère des Affaires Étrangères. Puis en 1974, la M.A.N. Maison de l’Administration Nouvelle voit le jour. Des équipements culturels et sportifs d’envergure régionale ou nationale comme le Palais des Sports inauguré en 1973, et le Conservatoire de région ouvert en 1979 complètent l’ensemble. Sur le plan économique, le centre commercial Beaulieu, élément structurant de la ZUP, ouvre ses portes en 1975. Entre 1968 et 1975, les logements, essentiellement des immeubles de grande hauteur, sont construits le long de l'actuel boulevard du général De Gaulle et sur la rive sud de la Loire. Pour autant, à la fin des années 1970, la ZUP marque le pas. Le contexte économique et politique a changé. L’heure est à une refondation du projet en tenant compte des nouvelles attentes en termes d’habitat et avec la volonté de sortir d’une conception urbanistique par zonages.

Ainsi, la densification est jugée trop importante, le réseau routier est surdimensionné, la volumétrie inadéquate. En 1980, la ZUP est requalifiée en zone d’aménagement concerté (ZAC). L’îlot, la rue, la place redeviennent les unités de base des projets. Le gabarit des constructions est abaissé de 15 mètres. Les opérations continuent dans les décennies qui suivent, dans l’objectif d’attirer les Nantais dans ce nouveau quartier. Quelques équipements structurants finalisent l'urbanisation de cet ensemble, comme l'Hôtel de Région inauguré en 1987. Au milieu des années 2000, près de 50 ans après la création de la ZUP, des opérations de requalification urbaine sont engagées, qui débutent par la destruction symbolique du Tripode en 2005. En lieu et place, a été aménagé un plan d'eau intérieur, la promenade Europa, autour de laquelle s'est développé un programme favorisant la mixité. Aujourd’hui, le quartier Beaulieu est occupé par plus de 20 000 habitants.

Ce n’est qu’en 2011, l’inauguration du pont Eric Tabarly désenclave totalement l’île Beaulieu.

Julie Aycard, Irène Gillardot
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes / Nantes Métropole ; Service du Patrimoine, Inventaire général, Région Pays de la Loire
Inventaire du patrimoine des Rives de Loire
2021

Aucune proposition d'enrichissement pour l'article n'a été validée pour l'instant.

Vous aimerez aussi

René Guy Cadou (1920-1951)

Personnalité nantaise

René Guy Cadou , poète de la nature et du végétal, est le chef de file de l’École de Rochefort. Son œuvre est habitée par les paysages de Loire-Atlantique où il fut instituteur.

Contributeur(s) :Caroline Flahaut

Date de publication : 21/03/2022

1806

Thétis

Société et culture

Thétis est représentatif des bateaux de pêche de l’estuaire ligérien.

Contributeur(s) :Gaëlle Caudal

Date de publication : 22/05/2019

1848

Piscine Léo-Lagrange

Architecture et urbanisme

Seconde piscine publique de Nantes, la piscine Léo-Lagrange est érigée sur l’ancienne île Gloriette disparue dans les comblements des deux bras de la Loire entre 1926 et 1946. Bâti...

Contributeur(s) :Julie Aycard

Date de publication : 05/03/2021

5427